Je suis née à Paris en 1962.
Une enfance voyageuse
(Paris, Vittel, White Plains-USA Lausanne-Suisse, Mâcon, Paris) a inscrit en moi  la page et les livres comme seules vraies patries.
Un déménagement tous les trois ans, partout j'étais celle qui arrive, celle qui n’est pas d’ici.
J'ai pris goût aux décalages, à l’étrangeté. J'en ai nourri mon travail.

Formée d’abord au théâtre (Cours Simon, Cours Florent, ENSATT- Rue Blanche), j'ai créé et dirigée plusieurs années la compagnie L’Attrape-Silence-Théâtre  à Strasbourg. Artiste associée au théâtre de la Manufacture de Colmar, puis au TAPS à Strasbourg, j'ai mis en scène toutes sortes de formes allant du répertoire classique (Marivaux)  aux textes contemporains  (Graham Smith), en passant par l’opéra (Concert spectacle autour d’extraits d’opéras inspirés de Shakespeare) et la poésie (Repas poétiques).

En 2000, lors d’une carte blanche proposée par Matthew Jocelyn, directeur alors de  La Manufacture de Colmar, j'écris mon premier texte pour le théâtre. L’expérience est si forte, mon désir d’écrire s’y trouve si heureusement satisfait, que je me mets à couver la décision de ne me consacrer qu’à l’écriture
La décision n’est pas facile à prendre,  des propositions de mise en scène me font reculer et puis en 2004 : plongeon.

Un peu raide, peut-être…

J'embarque ma famille à Lyon et  y installe ma table de travail. 
Publication d'Ecchymose, d'Alfred Dreyfus, un homme court dans la nuit.

Et puis, il y a des installations, vestiges ou renaissances sous une autre forme de mon penchant pour la mise en scène ?
Et bientôt des sculptures, des montages, des objets poétiques…
Mes mains réclament leur dû.

Mais, chemin faisant, je m'interroge sur mon statut d'individu genré et découvre - révélation aussi douloureuse que lumineuse - la part manquante de notre histoire commune, celle écrite par les femmes. Elle irrigue mon travail, il me faut la partager.
 

En 2017, je crée Si, si, les femmes existent et me lance dans une vaste série de spectacles-conférences, à la croisée de tous mes chemins : écriture, théâtre, installations, performances.

Depuis 2018, je partage ma vie entre la France et la Suède, les voyages continuent d'égrener en moi leurs décalages et la force de leurs horizons.

Comment se font les choses  échos, articulations, emboîtements…


J'ai écrit dans une sorte de fièvre mon premier roman Ecchymose publié en 2005 chez Maren Sell Éditeurs. En 2008, Alfred Dreyfus, un homme court dans la nuit paraît aux Éditions A Plus d’un Titre, qui réédite également Ecchymose en 2010. A plus d'un titre éditera aussi Nous ne regarderons pas ailleurs et me suivra quand je bataillerai pour faire redécouvrir La Passion selon Ravensbrück et La vie normale de Micheline Maurel dont j'écris les textes introductifs. Cette réédition donnera lieu à la lecture/performance Maurel, tentative pour un dialogue imaginaire.

L'accueil d'Ecchymose, à un moment où #metoo n'existe pas encore, est d'une violence inouïe, on attend de moi des larmes, et que j'ouvre grand le manteau de ma douleur, quand ce que j'ai fait, c'est me tenir droite dans les mots et dire ce qu'on ne dit pas encore.
Je me  retrouve coincée dans le statut de victime, expropriée de celui d'autrice.
Je n'en ai pas fini d'explorer ce que fut le redoublement de la violence, la réactivation du choc post-traumatique, la marchandisation de ma souffrance sous couvert de sa dénonciation. C'est en grande partie le champ de mon travail d'écriture et d'installations.

Plonger dans l'Histoire des femmes,  s'employer à les rendre visibles, prendre et donner la mesure de leur effacement et de ce que cet effacement permet  (discrimination, étouffement de l'imaginaire, ensevelissement d'œuvres majeures, destruction de talents, valorisation de la violence, chosification),  aiguise ma conscience, ma plume et le travail de mes mains.  

En Suède, au milieu d'une forêt du Kronoberg, il y a une maison, qui depuis l'été 2018, apaise mes tourmentes, me reconnecte avec la nature et oriente mon travail vers un endroit où j'aimerais que s'abolissent les frontières et qu'affleure une poésie qui parle toutes les langues.